Je me suis souvent posé la question de l’inspiration au sens
large (concernant les littératures de l’imaginaire), avec cette angoisse un peu
diffuse : peut-on imaginer « ex-nihilo » ? Petite analyse
très personnelle ; j’imagine que ce qui concerne le domaine littéraire
peut concerner d’autres arts.
Je vois trois éléments contenus dans
l’inspiration :
1) Le
passé personnel.
Depuis notre naissance nous avons chacun une vie constituée
d’expériences différentes, en continu. Un passé riche de sentiments,
d’impressions, marqué de scènes mémorables et de scènes de la vie de tous les
jours. Des images, des odeurs, des films, des livres, des amitiés et inimitiés,
des rencontres, des environnements (rural/urbain, régionaux…), etc.
Est-il possible de faire une totale abstraction de
l’ensemble de ce vécu ? Cela m’étonnerai puisque nous sommes constitués de
ce passé, même inconsciemment. Cela n’empêche pas d’essayer de s’en
défaire : écrire pourrait alors avoir un rôle cathartique, mais en référence
à ce passé… Notre manière même d’écrire, tant sur le fond que sur la forme
(écriture manuscrite), peut venir de l’éducation, des études, d’un bien-être ou
mal-être physique et/ou mental, etc.
Et puis, nous vivons dans une époque qui nous enveloppe (que
l’on apprécie ou pas cette époque, peu importe). Les écrits de Jules Vernes
étaient absolument insensés à son époque ; ils paraissent bien naïfs
aujourd’hui ! Et ce que nous imaginons dans les romans de science-fiction
paraîtra peut-être d’une bien piètre portée dans quelques siècles…
Donc, le premier élément de l’inspiration, c’est nous :
notre vécu, notre « moi », qui se construit chaque jour et évolue
tranquillement mais sûrement. C’est un élément conscient et/ou inconscient.
2) L’imagination
Elément évident, sans doute le principal mais pas l’unique.
La capacité d’imagination est propre à chacun ; elle est sans doute innée
là où le vécu personnel est acquis (par définition). L’imagination est un
effort conscient de réflexion. Nous nous « contraignons » à être inventifs.
C’est ici que je me pose cette question un peu angoissante : comment
imaginer par-delà le vécu (le premier élément) ? Par-delà ce que l’on a
lu, vu, etc. ? Comment être certain que notre imagination soit totale, et
non tirée même inconsciemment d’une lecture passée (sous une forme
nouvelle) ? Pas évident !
Autre question : d’où vient cette « pulsion »
qui nous porte à vouloir imaginer, par exemple, d’autres univers ? Vaste
sujet ! Qui nous amène au troisième élément.
3) Un
peu de mysticisme !
En rédigeant cet article, je me suis penché sur la
définition du mot « inspiration ». Voici ce qu’en dit le Larousse
(entre autres définitions) : influence charismatique de Dieu sur les
auteurs des livres saints.
C’est assez amusant, parce que cela rejoint ce que j’allais
écrire ici (sauf que la définition est historique et se base sur une religion
monothéiste) : je pense qu’on ne devient pas artiste par hasard, mais bien
qu’il y a une force qui nous y pousse.
En écrivant, il m’arrive souvent de ne pas réfléchir, de ne
pas imaginer. L’histoire vient à moi, je la mets sur du papier (où plutôt sur
l’écran !) avec des mots. Contrairement à l’imagination, c’est ici
inconscient. Inutile de se baser sur la psychologie analytique où autres
système d’analyse intérieure : c’est un état de fait, expliquez-le comme
vous voulez.
De mémoire, c’est Robert E. Howard (conan, etc.) qui
expliquait qu’en quelque sorte, une force d’ordre supérieur écrivait à travers
lui.
Une connaissance rencontrée lors d’un salon du livre,
écrivain lui aussi, me racontait qu’un jour sa fille l’avait surpris en train
d’écrire sur l’ordinateur les yeux fermés, dans un état second ; il ne
s’était même pas rendu compte qu’il écrivait.
Sans aller aussi loin, il me semble assez évident que pour
un certain nombre d’auteurs (d’artistes en général ?) il y a dans
l’inspiration en partie un phénomène inconscient à la limite (ou pas !) du
mysticisme.
L’acte d’écrire pourrait dès lors être vu comme une
nécessité répondant à un impérieux destin, et qui mobilise nos forces
intellectuelle et émotionnelles conscientes et inconsciente pour livrer au
lecteur ce qui devait être écrit.
Excellente analyse de l'inspiration. Certes le mysticisme est neo-appartenant, mais je ne pense pas le passe personnel? L'imagination voit son épanouissement dans l'inspiration, le passe lui, est source de souvenirs, donc on peut parler alors d'un puits d'idees, puisque il est taniere de la memoire, ce fameux passe personnel si propre a chacun, si terriblement envahissant.
RépondreSupprimerBravo ludovic pour cette note sur l'inspiration
Le passé peut être un "puits à idées" mais ce que je voulais surtout dire, c'est qu'il nous a façonné (part d'acquis) pour arriver à ce que l'on est à un moment donné.
RépondreSupprimerPar ailleurs le puits à idée signifie qu'on fait l'acte d'aller chercher une idée; mais les souvenirs ne peuvent-ils être inconscients? D'où ma question: "Comment être certain que notre imagination soit totale, et non tirée même inconsciemment d’une lecture passée (sous une forme nouvelle) ?"
Trop bien développer pour que je puisse y ajouté quelque chose... je suis en manque ... d'inspiration...
RépondreSupprimerL'inspiration c'est comme la respiration on n’emmagasine des idées au fils du temps a force de "respiré" notre vie notre entourage et notre société. On n'en ressort certaines idées elle même " respirées" par d'autre.
RépondreSupprimerA force d’être inspiré par d'autre on fini dans une société complétement étouffé ou l'on recycle les idées les modes et même les façon d'être.
Certains vivent dans des environnement plus pollué que d'autres ...
Désolé pour les fautes d'orthographe mais si je corrigé je ne suis pas sur que tu me reconnaisse.
Hello Mephisto!
RépondreSupprimerAssez d'accord avec toi, sauf 2 points:
1) Il y a fort heureusement des bouffées d'oxygène, tant au niveau de la société (il y a encore des hommes libres) que de la littérature. On tombe parfois sur des perles littéraires impressionnantes qui nous font vraiment voyager.
2) C'est tout le dilemme que je mentionnais: peut-on créer "ex-nihilo"? Il y a quand même des génies: le cycle de Dune de Franck Herbert est une œuvre de génie, à la fois bouffée d'oxygène et création originale. D'où l'intérêt de distinguer le créateur, qui travaille forcément avec les matériaux dont il dispose à son époque (les frères Lumière sont de réels créateurs, mais forcément ils faisaient avec les matériaux de l'époque) du copiste (même s'il peut y avoir d'excellents copistes). Mais où est la frontière? Que de questions!!